Les écrits de Haru.

Chapitre 1.

DAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH. Une araignée. Une putain d’araignée. La. Sur le mur. Sur CE mur. Beige. Un peu jaunâtre a cause de la fumée secondaire que dégage la cigarette. D’ailleurs, j’en veux une. La. Maintenant. Donc, cette araignée. Blanche. Hideuse. Affreuse. Beurk. Vite, un Kleenex. Je dois la tuer, elle me dégoûte. Direction poubelle. Elle atterrit sur un restant de lasagne a la viande. Daté du soir même. Je lorgne le frigo. Pourquoi pas une autre part? Et ça dérange qui, d’abord, que j’la bouffe a 2h du mat’, hein? Voilà, me voici devant le miroir a me dévisager. C’est pas de ma faute s’il est situé près du frigo. En fait si, mais bon. J’ai l’air d’un mort. Et ces cernes. Noires. Profondes. Ébauche de nuits blanches, de tonnes de café et d’ordinateur. Je sais. C’est pas bon pour ma santé et tout le blabla, mais je m’en fou, voyez-vous. Donc, cette part de lasagne, elle vient? Nah, mais cette putain de manie d’me parler tout seul. Ca aussi, j’devrais arrêter. Rah. Pourquoi y’a jamais d’assiettes propres, ici? Peut-être parce que, la paresse, ça me connaît trop. Bah, tant pis, j’vais aller regarder mon plafond de chambre pendant le reste de cette nuit.

Alala. C’est dure la vie d’artiste. En fait, d’agent du FBI , mais ça gâcherait l’expression. Et hop! Une autre nuit blanche. Un autre café. Le septième de la matinée. Ah, mon ordi chéri, je t’aime. Tu es toute ma vie. Bah, non. Tout mon boulot, au fond. Ouais, un agent asocial et agoraphobe. Engagé pour son intelligence exceptionnelle. Et qui travaille par ordinateur, passant sa vie enfermé dans son appart. Et le seul type a qui je fais confiance, c’est Jacob. Le seul type que j’ai trouver assez fiable dans la pile de CV que j’ai pris dans la catégorie ‘’garde du corps’’. Même si je ne l’utilise pas pour accomplir cette fonction, en fait, je l’utilise pour qu’il me ramène de la bouffe et des cigarettes. Nah, pas du tout paranoïaque, ce foutu agent, c’est juste qu’il déteste la planète entière. Et oui, j’me parle encore tout seul. J’ai comme l’impression que cette maudite manie va me poursuivre jusqu'à la fin de mes jours. Bah, pas si grave. RAH. Encore une pile de dossiers. A finir pour demain. Non, mais on se croirait a l’école. Ces agents, j’les hais. Foutu boulot.

Une autre gorgée de café. Un autre rapport a complété. En gros, une autre semaine de merde. Je hais ma vie. Je hais les gens. J’adore la psychologie. J’adore la musique. Voilà, moi en quatre phrases. Description physique : Yeux bleus azurs, mais on les voient presque jamais, toujours cachés derrière les mèches de mes cheveux noirs. Je porte des Skinny noir, chandail noir, et des converses. Voilà, c’est moi. No name. 24 ans. Maigre comme un clou et blanc comme la neige. Plus jeune recrue du FBI. Petit protégé du patron qui est mon père. Ca aide, hein. Ah, voilà Jacob qui se ramène. Enfin, j’vais pouvoir fumer. Ahhh. Cette première ‘pof ‘ est merveilleuse. Merci, Jacob. Bon, un saut a la salle de bain et hop, je saute dans le monde des vivants. Pas le choix, mon père m’a convoqué pour une réunion spéciale. Il veut rien me dire par ordi ni par téléphone. Et oui, j’ai un téléphone, ça vous étonne, hein? Et il veut pas que je lui envoie Jacob. De plus, comme il est très fort dans les menaces… donc, pas le choix. Choix qui ne me plait pas du tout d’ailleurs. Alala, cette porte, je ne l’ai pas rouverte depuis que j’ai déménagé ici. C’est fou comme le temps passe.

Une conne. Une pitoyable crétine. Voilà ce que je suis. Voilà ce qui me représente le mieux. Voilà qui je suis. Une lâche, une misérable asociale, une pathétique sadique. J’me déteste. J’me tuerais. Cette vie, je la hais, je la méprise. Pourquoi moi, me dis-je chaque jour. Pourquoi cette petite gamine qui aimait tant ses toutous? Pourquoi cette enfant agitée qui admirait sa mère? Pourquoi moi..? Parce que c’est la vie, me dirai vous, parce que c’est comme ça, on y peut rien, m’expliquerai vous sagement. Mais c’est insuffisant pour calmer ce cœur qui est le mien, pour guérir ses plaies qui s’efforce de cicatrisées depuis des lustres, pour noyer cette amertume gigantesque. Alors, vous me conseillerai sur la manière de prendre les choses, de voir la vie. Et je vous écouterai gentiment, sans broncher. Mais dans ma tête, la haine fera des ravages. Elle réduira mes fantaisies en lambeaux, massacrera mes espoirs, anéantira mes rêves. Et vous, vous ne verrai rien, trop occupé a vous gaver des mots ‘’narcissisme’’ et ‘’hypocrisie’’. Et un jour, alors que vous reviendrai de votre petit voyage d’amoureux, vous entrerai dans ma chambre, vous verrai ce mot, et vous comprendrai pourquoi, mes très chers, je serai morte, pendue au plafond, avec le rideau de douche…

Mon dessin préféré. *O*